LA MUSIQUE HINDUSTANI
Dans le Nord de l'Inde, la musique persane a influencé certaines formes mais aussi l'esprit de la musique indienne dont le caractère traditionnellement religieux s'est sécularisé grâce au mécénat des souverains hindous et musulmans, et plus particulièrement à la cour des Grands Moghols au 16ème et 17 èmes siècles.
La musique indienne est essentiellement vocale, soulignant ainsi l'importance accordée au texte lyrique. Les nombreux types de compositions en sanskrit de jadis ont fait place peu à peu à des poèmes lyriques composés dans les langues régionales et chantés dans des genres musicaux nouveaux.
Parmi les principaux types de musique que l'on peut écouter en concert, le Dhrupad représente la forme vocale médiévale la plus prestigieuse encore chantée aujourd'hui. Il exige de ses interprètes une grande rigueur technique. Dans un lent prélude, le chanteur (soliste ou en duo) expose savamment les particularités du raga, en chantant des syllabes dénuées de sens ou de courtes phrases stéréotypées. Ce prélude se divise en sections marquées d'une pulsation qui s'accélère, sans accompagnement rythmique. Dans la deuxième partie, le texte poétique chanté en quatre sections ajoute à l'émotion esthétique créée par le prélude, et la participation d'un percussionniste sollicite d'autres qualités techniques du chanteur.
Dans le khayal, genre de musique vocale le plus prisé aujourd'hui, le chanteur, dont la voix peut s'étendre sur deux octaves et demie à trois octaves, doit faire preuve d'une vive imagination et d'une maîtrise technique parfaite pour présenter le raga dans un court prélude et poursuivre l'élaboration du mode sur un poème lyrique de deux vers d'inspiration religieuse ou romantique. Un bhajan, poème dévotionnel habituellement chanté dans les temples hindous, conclut souvent un récital de khayal.
Le troisième style de musique vocale est la thumri (mot féminin). Elle se distingue de la musique folklorique par sa qualité classique et, par sa liberté, elle se tient en marge de la musique classique orthodoxe. C'est de "la musique légère classique". La thumri, morceau court, est caractérisée par des notes tendres sur le thème de la séparation et de la réunion des amants. C'est une forme de la musique deshî du Nord de l'Inde dont l'origine est controversée.
La musique indienne privilégiant la voix, les instrumentistes apprennent la théorie musicale par le chant, avant d'étudier une technique instrumentale particulière. Comme dans la musique vocale, un récital instrumental commence par un prélude lent auquel succèdent deux parties marquées par une pulsation rythmique de plus en plus rapide. La composition jouée en divers cycles rythmiques et sur des tempi variés, est accompagnée du percussionniste, dans un dialogue soutenu d'une grande virtuosité.